Quelques réflexions autour du Portage ...
« Porter son bébé s’inscrit ainsi dans une démarche de proximité et de contenance corporelle tout autant que psychique. »
Après la naissance, porter l’enfant va bien au-delà de maintenir ou de tenir son enfant.
Cela lui assure une continuité à sa vie in-utéro en lui apportant toute la contenance et la sécurité dont il a besoin et qu’il connaît si bien.
L’accouchement entraîne une rupture, une séparation. Par le portage, le bébé peut alors retrouver des sensations qui l’ont si bien sécurisées dans le ventre de sa mère et qui vont alors lui permettre cette transition vers l’autonomie.
« Porter les enfants, ce n’est donc pas une mode, mais bien une réponse à leurs besoins d’être en contact étroit, physiquement et psychiquement, avec leurs parents. Le portage prend le relais de cette fusion après la naissance et participe au déroulement harmonieux de cette continuité qui assure le bon développement de l’enfant. Cette proximité corporelle et psychique permettra l’autonomisation en confiance de l’enfant. » (1)
Winnicott, psychanalyste anglais, avait déjà développé cette notion de holding :
« Le holding inclut le maintien physique qui va endosser le rôle de protection contre les multiples angoisses ressenties dès la naissance, en raison d’expériences sensorielles ou du vécu psychique du corps. Le portage, dans sa palette de fonctions, englobe toute la façon de s’occuper de l’enfant. Si le holding est assuré de façon suffisante, régulière et rassurante, le sentiment continu d’exister du bébé est préservé, et le processus de maturation peut se confirmer et se poursuivre. Le holding permet donc un processus d’intégration qui précède la constitution du Moi et du Self. Le portage occupe donc une place tout à fait naturelle dans les soins apportés au bébé : il participe à l’unification de ses premières expériences »(1)
Le moi est avant tout un moi corporel, bien avant d’être un « moi » langagier
Pour Anzieu (1995), l’expérience de la surface du corps, les contacts corporels, les soins reçus, et donc le portage vont contribuer au développement de la vie psychique de l’enfant et donc à sa personnalité.
PORTAGE : PROXIMITÉ ET OUVERTURE SUR LE MONDE
Porter un enfant, porter son enfant, c’est médiatiser l’ouverture au monde, la rencontre et l’intégration des éléments chez le tout-petit.
Le portage met en place « une proximité non exclusive où le bébé en sécurité voit sa mère regarder les autres et les regarde à son tour » (Prieur Régine). Avec le portage, bébé va ainsi s’imprégner de la vie des adultes.
« Porter son enfant constitue un véritable mode de vie et ne peut donc pas se réduire à un moyen de locomotion. Il s’agit de vivre avec son enfant, d’évoluer au fil du temps en intégrant le tout-petit dans le rythme de la vie quotidienne. Le bébé n’est donc pas le centre de la contemplation béate de ses parents qui seraient alors incapables de faire autre chose que de se consacrer à lui. Au contraire, le bébé est porté pendant que son parent vit, ... : il découvre l’existence accompagné d’une présence aimante, rassurante. Porter bébé, ce n’est donc pas du tout porter son bébé aux nues, c’est l’intégrer comme un membre de la famille et de la société qui prend sa place tranquillement » (1)
POURQUOI LE PORTAGE PHYSIOLOGIQUE ?
Le portage physiologique correspond à tout mode de portage qui s’adapte à la morphologie de l’enfant mais aussi de la personne qui le porte.
Les premiers mois :
Si vous prenez le temps de regarder la position naturelle que prend un enfant à sa naissance quand vous le portez contre vous, vous comprendrez ce dont il a besoin.
Cette position se dit « position fœtale » : le dos est arrondi, les jambes remontées jusqu’à la hauteur du nombril, les genoux plus hauts que les hanches, fémurs ouverts à la largeur du bassin dans l’axe vertical des chevilles .
Dans le portage « physiologique », le bébé est alors soutenu par sa base ( jusque sous le creux des genoux) ce qui lui permet de se stabiliser et d’être soutenu dans la position adéquate.
Ce portage en position physiologique est important pour favoriser un développement harmonieux de votre enfant mais il faut aussi se rappeler que permettre ce « regroupement » de son corps, lui permet une vraie sécurité et un vrai sentiment d’apaisement.
Par la suite :
Je vous souhaite un bon portage.
Et n'hésitez pas à me partager vos expériences et vos ressentis sur le portage que vous pratiquez.
Je reste bien évidemment disponible pour des séances d'initiation au portage physiologique.
Avec tout mon amour. Belle journée.
Béatrice
Texte issu de:
(1) Vigouroux Agnès, « Le portage de l'enfant : une réponse à ses besoins », Le Journal des psychologues, 2011/2 (n° 285), p. 58-62. DOI : 10.3917/jdp.285.0058. URL : https://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2011-2-page-58.htm