Posture face à la vie ...


"Si je ne peux changer une situation, je peux en changer le sens" J. Salomé

 

 

Chaque événement, chaque parole, chaque geste, chaque émotion ... que nous vivons depuis le premier jour de notre conception nous construisent et font de nous ce que nous sommes. Ces empreintes conscientes ou inconscientes mettent ainsi en place notre réalité ( si tant est qu’elle en soit une), nos croyances, nos interprétations sur notre place et sur la vie.

 

Dès la vie intra-utérine et à la naissance , le fœtus puis l’enfant capte, enregistre toutes les informations dans l’utérus puis dans son environnement. Mais en l’absence de toute compréhension, il les interprète à sa manière (limitante) et en fait une croyance qui se grave en lui.

 

Il ne voit pas la réalité ; il ne voit qu’une interprétation de la réalité, une illusion.

 

Alors bien sûr, il n’est pas toujours utile de décortiquer chaque situation pour comprendre nos réactions ou des symptômes mais parfois, dans certaines situations, il peut être salvateur de s’en souvenir, d’en prendre conscience pour y donner un autre sens et créer ainsi une autre réalité.

 

Ceci est d’autant plus vrai pour les événements autour de la grossesse et surtout de la naissance car la naissance est un évènement primordial dans notre vie. C’est le Dr Claude IMBERT qui a mis en évidence l’importance de cet événement dans la construction de notre psychisme. Les circonstances de la naissance (physiques, émotionnelles,...) les interprétations que les parents et le bébé s’en sont faites vont déterminer chez l’enfant sa dynamique de vie, de décisions et de réalisations.

 

Parfois les souffrances vécues lors de cette grossesse et de cette naissance sont telles que le bébé va inconsciemment mettre en place des stratégies de survie ou des stratégies pour tenter d’être aimé ou reconnu.

 

 

Dernièrement j’ai rencontré un petit garçon extraordinaire dont l’ histoire m’a interpellé.

Sa naissance, a en effet eu lieu dans un contexte particulier puisqu’il est né le jour où un membre de sa famille proche est décédé. La naissance, comme élan de vie, s’est ainsi vue cohabiter avec la mort. La joie de mettre au monde s’est mêlé à la douleur de la perte.

Comment prendre sa place dans un tel contexte ? Quelle interprétation a-t-il eu de cet événement, des émotions de ses parents qui vivaient à la fois une perte et une naissance ? A-t-il fait sien le stress, la douleur ou la peine ? Existe t-il, en lui une part de culpabilité d’avoir pris la place de quelqu’un d’autre?

 

Il se trouve que ce petit garçon, a par la suite été confronté à deux autres événements de perte. La 2ème grossesse de sa maman s’est achevé par une fausse couche tardive et sa petite sœur (issue d’une 3ème grossesse) a été hospitalisée à la naissance pour fausses routes avec difficulté à respirer. Deux événements qui ont pu renforcer sa culpabilité d’être vivant et pas eux ...

 

Sa maman le décrit comme un petit garçon « plein de joie », très actif, la sollicitant beaucoup avec un besoin constant d’attention et de présence de sa part. Se peut-il que cela soit sa façon à lui de se rassurer, de montrer qu’il existe, de se prouver qu’il est important, en vie et qu’il est aimé de ses proches ?

 

Mais ce qui m’a le plus interrogé c’est cette petite phrase, anodine qu’il répétait souvent : « j’ai pas ENVIE » (en-vie). Une phrase qui n’est pas si courante chez un enfant, plus habitué à montrer son désaccord par un simple « non »

 

Sa maman évoque aussi avec moi son allergie aux protéines de lait de vache, avec du coup un enfant qui se nourrissait très mal les premiers mois.

Si on s’intéresse un peu à la signification des malaises et des maladies, largement développé par Lise Bourbeau ou Jacques Martel, on y trouve ceci :

 

« Les allergies tendent à indiquer un profond niveau d'intolérance, peut-être la peur d'avoir à participer pleinement à la vie. La caractéristique propre à la personne allergique est souvent l'impression de ne pas être assez correct ! Je veux attirer et avoir l'attention, la sympathie et le support d'autrui. Est-ce que j'utilise l'allergie pour avoir de l'amour ? C'est possible. En tout cas, une chose est sûre j'ai une allergie parce que je refuse une partie de moi-même et mon combat inconscient est grand.»

« Le lait représente le contact avec la mère dès les premiers instants de l’ arrivée en ce monde. Si cette allergie se développe à la naissance ou dans les premiers mois, il est intéressant de vérifier quelles ont été les peurs ou les frustrations que pouvait vivre la mère lorsqu’elle portait son enfant ou dans les premiers temps qui suivent la naissance, faisant siennes ses peurs ou ses frustrations qui l’ont amené à vivre cette allergie. » (Le grand dictionnaire des malaises et des maladies. J. MARTEL)

 

 

Mon propos n’est pas de culpabiliser les parents dans leur vécu et dans la gestion des ressentis et des émotions qu’ils ont eu. Toutes les émotions sont justifiés et font partie de la vie. Et il est important de les accepter et surtout les accueillir avec bienveillance. Et toujours se dire qu’on fait du mieux qu’on peut au moment présent.

 

Il me semble juste important de parler de ses événements et de leur redonner leur place pour permettre aux enfants de s’en dégager. Ces événements ne leur appartiennent pas (même si cela fait partie de leur histoire) et il est essentiel de leur dire pour que leur peur, leur culpabilité s’estompent. Les rassurer en leur disant qu’ils n’y sont pour rien, que les angoisses, les peurs, les tristesses que leurs parents ont pu vivre ne sont pas les leurs.

 

Les conditions de notre naissance nous révèlent notre posture face à la vie. Il est alors important de prendre conscience de ce qui se joue ou de ce qui s’est joué pour en faire quelque chose de positif, de faire la lumière sur ce qui a été vécu pour comprendre qui nous sommes, réparer des éventuels blocages, et identifier nos forces et nos ressources.

Parler de sa naissance à un enfant (même si elle a été difficile, douloureuse … et surtout si elle l’a été) c’est le plus beau cadeau que l’on puisse lui offrir. Cela lui permet de comprendre les choses autrement, de découvrir une autre interprétation de la réalité , de découvrir que sa valeur, ses qualités n’ont jamais été mises en cause, et que ce sont ses propres ressources, sa propre puissance qui lui ont permis de réussir cette grande épreuve qu’est la naissance.

C’est de l’amour inconditionnel qui permettra à son élan de vie d’être cohérent avec qui il est, un petit être unique et extraordinaire. Il reprendra ainsi sa place, celle qui a toujours été la sienne, ici et maintenant.

 


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